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Joseph Dewey - Magazine L’Appel n°397 - Mai 2017

Geneviève Laloy allume le feu

Depuis le grand feu convivial de son enfance, jusqu’aux feux d’artifice, en passant par le feu qui enflamme les amoureux ou celui qui anime la recherche du sens de la vie : le quatrième CD de Geneviève Laloy ne s’intitule pas pour rien Allumettes. L’artiste y décline en effet le feu sous toutes ses facettes, des plus tragiques aux plus ludiques, des plus sombres (la guerre, l’incendie...) aux plus lumineuses. Les rythmes musicaux sont très variés, empruntant aux musiques du monde, au folk, au jazz. Ils donnent aux paroles une légèreté et un dynamisme qui traversent d’espé- rance des situations souvent vécues dans la résignation.

"Chacun, confie l’intéressée, compose avec ce qui est important pour lui. Ce qui me réjouit, c’est de partager un regard différent sur notre monde, de choisir des lunettes d’optimisme Un peu à la mode d’Amélie Poulain. C’est du moins ce que des journalistes flamands ont écrit à mon sujet, et je m’y retrouve."

NOËL SOLIDAIRE Début janvier, au Théâtre de Namur, la chanteuse d’Evere partageait ses nouvelles compositions avec six cents personnes précarisées. Elle répondait ainsi à l’invitation de l’Association Educ’actions et dignité dans le cadre d’un Noël solidaire. Elle se produit régulièrement en soutien d’Amnesty International et d’associations d’accueil de réfugiés.

"Ma modeste part à moi, c’est de participer à des initiatives pour la dignité humaine, la paix, la solidarité, la sauvegarde de la planète. J’en suis heureuse !". - Investie dans ces luttes, Geneviève Laloy se dit également proche du mouvement Les Colibris de Pierre Rabhi. Une chanson récente, La part du Colibri, reprend d’ailleurs un récit amérindien popularisé par le poète de la sobriété heureuse. "Elle exprime bien là où j’en suis aujourd’hui , observe -t-elle. Elle raconte un incendie qui ravage la forêt : les animaux s’enfuient et renoncent à lutter. Le colibri, lui, jette, inlassablement une goutte d’eau après l’autre dans le brasier. Il se justifie face aux défaitistes : "Je fais ma part" .

RÔLE DE CATALYSEUR L’un des personnages d’un autre extrait de son nouveau disque part à la recherche du feu perdu. Quand cette femme rencontre "des gens qui rêvent jusqu’aux nues", elle leur demande : "Dites-moi le feu qui vous anime sans arrêt ?". Invitée à répondre elle- même à cette question, la chanteuse bredouille : "Spontanément j’évoque le mot ’vie’ : un mouvement de la vie, une force de vie qui me donne envie de chanter pour que cette vie soit belle pour le plus de monde possible. Je me vois un peu dans un rôle de catalyseur, d’éveilleur. C’est ce que je découvre en particulier avec mes stagiaires en écriture de chansons. C’est aussi pour cela que j’ai créé, pour chacun de mes albums, un outil pédagogique destiné à des enseignants, leur proposant différentes exploitations possibles des chansons en fonction des disciplines d’éveil, de français, d’expression artistique."

En effet, en dehors de la musique, Geneviève Laloy travaille un peu plus d’un mi-temps dans un institut de formation des enseignants à Louvain-la-Neuve. Anthropologue de formation, elle organise avec passion la mobilité internationale des étudiants et des professeurs. "Avoir deux mi-temps me donne un véritable équilibre. Je tiens beaucoup à ces contacts avec de futurs enseignants qui s’apprêtent à découvrir d’autres horizons. Là aussi, la vie passe !".

En mars dernier, dans le département de Seine-et-Marne, elle a animé des journées de formation à l’écriture de chansons pour des acteurs éducatifs du département. Cet atelier a débou- ché sur la création d’un spectacle. "Je suis heureuse de rendre les participants capables de créer eux aussi", sourit-elle.

MUSICALITÉ DES MOTS Dans une autre chanson, Amies, Geneviève Laloy parle des graines de sé- nevé. Trouverait-t-elle son inspiration dans les évangiles ? "J’ai repris ces mots pour leur musicalité ! Mais c’est vrai qu’ils sont liés à un patrimoine que j’emporte dans mes bagages. Mes grands-parents étaient croyants. Par contre, mes parents ne m’ont pas éduquée dans la foi chrétienne et, en primaire, je suivais le cour de morale." Durant ses études secondaires, dans une école catholique, elle a rencon- tré un christianisme ouvert. Fascinée, elle participait à des ateliers bibliques, faisait de la catéchèse pour la commu- nion solennelle. Mais elle avait un peu peur d’être embrigadée, elle voulait rester libre de ses choix.

Elle entre à l’ULB et y suit, notam-ment, des cours d’anthropologie religieuse à propos des rites et symboles. Aujourd’hui, elle ne se reconnait pas dans la foi chrétienne. Mais cela ne l’empêche pas de puiser du sens dans des textes d’évangile, tout comme dans des mythes grecs. Ainsi, les graines de sénevé sont, pour elle, un symbole de naissance, de germination, de confiance en l’épanouissement des promesses de vie. Elle les relie spontanément à l’amitié.

Un autre thème revient souvent dans les quatorze morceaux d’Allumettes, celui de prendre le temps. En plus de ses activités scolaires et musicales rondement menées, cette maman accompagne ses quatre garçons de 15 à 21 ans. Et donc, le temps, c’est précieux. Dans Héros ?, elle se moque gentiment d’elle-même : "J’ai même pris des cours de toutes sortes pour être le plus compétent, mais j’ai zappé la petite porte qui s’appelait : ’Prends tout ton temps’." Et elle de commenter : "J’ai beaucoup de travail mais j’ai gardé la capacité de m’arrêter, de prendre du recul. Pour prendre une tasse de thé. Ou pour tendre l’oreille, pour rester en éveil... Et ainsi voir le printemps. »

Écouter Geneviève Laloy, c’est arrêter le temps pour retrouver un peu de feu, une part d’enfance et de fragile espérance dans un monde de perfor- mance et d’excellence qui peut faire oublier de vivre, tout simplement.

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